Selon plusieurs représentants de communautés chrétiennes d’implantation séculaire sur le territoire de ce qui est aujourd’hui l’Irak, les activités missionnaires de groupes évangéliques américains représentent une source croissante de tension qui a pour conséquence une dégradation des relations avec les musulmans.
Telle est en tout cas l’analyse de Paul Tracy dans le numéro du 19 décembre 2004 de l’hebdomadaire catholique américain Our Sunday Visitor. « Il existe une véritable tension entre nos Eglises apostoliques [catholiques et orthodoxes] et ces intrus », n’a pas hésité à déclarer à Our Sunday Visitor Mgr Georges Casmoussa, archevêque syrien catholique de Mossoul.
En effet, dans le contexte de l’intervention américaine, explique le magazine, toute action missionnaire renforce le sentiment que la guerre n’est rien d’autre qu’une croisade chrétienne contre l’islam. La guerre est alors perçue en terme de « guerre sainte » menée par les Etats-Unis au Proche-Orient.
L’article relève cependant que bien des missionnaires évangéliques, arrivés dans le sillage des troupes américaines, ont entre-temps quitté le pays, en raison de l’insécurité qui y règne et des menaces pour les étrangers qui résident en Irak. Une amélioration de la situation entraînerait cependant leur retour.
Le souci exprimé par les Eglises traditionnelles de l’Irak n’est pas simplement celui des relations avec les musulmans, mais également de voir les missionnaires évangéliques exercer leur action parmi des fidèles des anciennes Eglises chrétiennes du pays, auxquelles ils « voleraient leurs ouailles ».
Des passages à d’autres communautés sont ressentis avec d’autant plus d’acuité que la population chrétienne de l’Irak menace sérieusement de diminuer déjà en raison de l’émigration entraînée par l’insécurité et la pression islamiste.